« Je m’insurge contre cette fausse bienveillance qui consiste à retarder les apprentissages ! » Dans une interview à L’Express parue mercredi 13 septembre, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a assuré que les programmes scolaires n’évolueraient « qu’à la marge », mais a annoncé des modifications polémiques.
Le ministre est ainsi revenu sur la question sensible du « prédicat ». Cette notion, encore mal connue, a été introduite pour la première fois dans les programmes de cycle 3 (du CM1 à la 6e) en 2016 et doit permettre aux enfants non encore rodés à l’analyse grammaticale de décomposer la phrase en deux blocs : le sujet et son prédicat. Autrement dit, le prédicat évacue les notions de COD et COI avant la classe de 5e.
En janvier, cette modification des programmes scolaires avait suscité une vive polémique et provoqué les critiques quant à l’affaiblissement de la connaissance de la langue. M. Blanquer s’est également dit de cet avis. « L’apprentissage de la grammaire de phrase est essentiel, a-t-il affirmé à L’Express. Le prédicat, notion inutilement complexe, a vocation à disparaître. »
« Revenir à une approche chronologique »
Autre annonce potentiellement sensible, l’apprentissage des quatre opérations de base dès les classes de CP et de CE1. Aujourd’hui, seules l’addition et la soustraction y sont enseignées, tandis que la multiplication est inscrite au programme du CE2, et que les élèves apprennent la division en CM1. « Le plus grand service que l’on peut rendre aux enfants est de les aider à acquérir ces automatismes cognitifs très jeunes », a justifié le ministre en s’appuyant sur les travaux de recherche en sciences cognitives.
Enfin, bien qu’il ait évité le débat sur l’apprentissage chronologique de l’histoire, le ministre a estimé qu’il était nécessaire de « revenir à une approche chronologique » dans le cas précis de l’enseignement du « patrimoine littéraire du collège ».
Interrogé sur le livre de Bernard Ravet, qui dénonce l’introduction de l’islamisme dans les collèges, Jean-Michel Blanquer a aussi réaffirmé le « projet républicain » et promis la mise en place d’une « cellule laïcité au sein du ministère de l’éducation nationale ». Composée de juristes et d’experts disciplinaires, elle viendrait en aide aux écoles et aux établissements qui se trouveraient impuissants face à ce phénomène.
Le ministre, qui prône l’autonomie des établissements et une adaptation de l’école aux problématiques de chaque territoire, a assuré que, « sur un tel sujet », il souhaitait que « des problèmes identiques trouvent des solutions identiques sur l’ensemble du territoire » pour garantir « l’égalité devant la République ».
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