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Avec Magic Makers, l'informatique est un jeu d' enfant !

La remise du prix Business With Attitude à Claude Terosier (au centre), décerné par Madame Figaro.À sa droite, Anne-Florence Schmitt, directrice de la rédaction de Madame Figaro. RobertLakowPhotography

Lauréate du prix Business With Attitude, décerné par Madame Figaro , Claude Terosier crée des centres d'initiation au codage pour les 8-15 ans.

Ils étaient 160 à la rentrée scolaire de septembre 2014. Ils sont un bon millier aujourd'hui. Mille écoliers et collégiens sont assidus des centres Magic Makers, où, pendant les vacances ou lors de stages hebdomadaires, ils apprennent à programmer, à coder, à percer les arcanes du numérique. Claude Terosier, 42 ans, ingénieure diplômée de Télécom ParisTech, a ouvert six centres en deux ans: cinq à Paris et sa proche banlieue et un à Bordeaux. «D'ici trois à cinq ans, mon objectif est d'avoir ouvert 50 lieux, explique Claude Terosier. Il s'agit de montrer à l'enfant que l'ordinateur est un outil au service de sa créativité.» Le 16 mars, elle a reçu le prix Business With Attitude décerné par Madame Figaro.

L'aventure de Magic Makers a commencé en 2012, lors de la fête du 15e anniversaire de la promotion de Claude Terosier à Télécom ParisTech. Pour l'occasion, un film retrace les événements qui ont marqué l'informatique depuis quinze ans. Flash-back, donc… En 1997, l'école s'appelait encore Télécom Paris et Netscape, le premier navigateur, faisait du Web un nouveau monde à explorer. France Télécom mettait fin à son drôle de téléphone portable, le Bi-Bop. C'était la préhistoire: Google n'était pas encore né.

Les humanités du XXIe siècle

En 2012, Netscape a sombré corps et âme, Google est devenu un géant qui assure qu'il sera un Big Brother bienveillant. On ne parle plus que de big data, d'objets connectés, d'intelligence artificielle. «J'ai été frappée que tout soit allé si vite et que l'informatique soit désormais partout dans notre vie quotidienne», analyse Claude Terosier.

Dans le film d'anniversaire, plusieurs personnalités sont aussi interrogées sur ce que sera la révolution numérique dans les quinze prochaines années. L'un de ces oracles livre son message: «Si j'ai un conseil à vous donner, c'est d'apprendre à vos enfants à programmer.» Faire ses humanités au XXIe siècle, ce sera donc cela: apprendre le langage des machines pour savoir ce qui se passe dans les entrailles numériques d'un smartphone ou d'une tablette. Claude Terosier décide de suivre le conseil pour ses propres enfants. «Je me suis dit que j'allais bien trouver un atelier bobo à Paris et je n'ai rien trouvé», sourit-elle. L'idée de Magic Makers commence à germer.

Un an plus tard, en 2013, une autre révolution, très franco-française celle-là, va précipiter les choses. En 2013, le trublion Xavier Niel lance Free Mobile, l'onde de choc fait tanguer les trois autres opérateurs télécoms - Orange, Bouygues Telecom et SFR, où Claude Terosier travaille depuis 2008. L'entreprise ouvre un plan de départs volontaires. Claude Terosier, qui a le futur Magic Makers en tête, hésite. Après tout, elle a l'âge où si créer votre entreprise vous tente, vous sautez le pas. Non sans appréhension. «On n'abandonne pas quinze ans de salariat comme ça mais c'était l'occasion ou jamais.» Dans le cadre du plan de départs, SFR ne peut laisser partir que les salariés qui ont un projet bien ficelé. C'est pour Claude Terosier la possibilité de transformer son idée en projet et de le soumettre au principe de réalité. Elle se dit aussi, pour se rassurer, qu'elle a deux ans d'allocations chômage devant elle. Ce qui lui laisse le temps de rebondir si l'affaire ne tient pas ses promesses. «On oublie, dit-elle, que Pôle emploi est le premier financeur de jeunes entreprises en France.»

Un investissement de 100.000 euros

Une fois décidée à se lancer, elle doit avancer sur deux fronts. Elle se forme à la pédagogie et découvre l'outil sur lequel elle va pouvoir s'appuyer: le logiciel libre Scratch, développé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), justement pour initier les enfants à la programmation. C'est dans l'incubateur Paris Pionnières qu'elle peaufine son projet.

Les statuts de la société sont déposés en juin 2014 et le premier centre Magic Makers ouvre ses portes en septembre à Paris, dans le XIe arrondissement. C'est un investissement de 100.000 euros: la moitié pour le loyer et l'équipement (premiers salaires, mobilier, micro-ordinateurs portables…), l'autre pour le besoin en fonds de roulement. Claude Terosier investit ses économies. Quatre investisseurs individuels - Corinne Bach, Hala Bavière, Régis Cornélie et Nicolas Vauvillier - complètent cette première mise de fonds. «J'en ai parlé à tous les gens que je croisais et c'est ainsi que j'ai trouvé des investisseurs.» En 2016, une nouvelle levée de fonds de 600.000 euros amène deux nouveaux actionnaires, Francis Nappez, cofondateur de BlaBlaCar, et le groupe de conseil et de services Econocom, qui accompagne la digitalisation des entreprises, et son président, Jean-Louis Bouchard, sensible à la démarche de Magic Makers. L'équipe s'est étoffée avec 15 salariés et 40 animateurs pour les stages.

Le prix Business With Attitude conforte Claude Terosier dans sa démarche. Si son entreprise trouve un écho, c'est bien parce que d'autres parents, comme elle, s'interrogent sur ce monde numérique dans lequel grandissent leurs enfants. Pendant que mûrissait Magic Makers, des associations locales comme La Compagnie du code, à Toulouse, ou des entreprises comme la Tech Kids Academy, implantée à Paris et à Versailles, voyaient le jour avec la même approche. Magic Makers, qui devrait réaliser 1,2 million d'euros de chiffre d'affaires sur son exercice 2015-2016, est, pour l'instant, la seule à voir les choses en grand. Mais aussi avec prudence, sans brûler les étapes. «Tout l'enjeu, souligne Claude Terosier, est de faire grandir l'entreprise sans perdre notre âme et notre savoir-faire.»


BIO EXPRESS

1974 Naissance le 12 août aux Abymes (Guadeloupe).

1997Diplômée de Télécom ParisTech.

2014 Création de Magic Makers.


Six finalistes pour «Business with Attitude»

Pour la première édition du prix «Business with Attitude», décerné par Madame Figaro le 16 mars à Claude Terosier pour son entreprise Magic Makers, cinq autres créatrices d'entreprises étaient en lice.

● STÉPHANIE LE BEUZE et ses deux associés, Florent Longa et Quentin Martin-Laval, ont conçu, au sein de leur start-up Echy, un étonnant système qui apporte la lumière du jour dans des bâtiments sombres ou sans fenêtres: la lumière captée à l'extérieur par des panneaux équipés de lentilles de Fresnel est transmise par fibre optique à des LED placées à l'intérieur.

● RANIA BELKAHIA, avec son associé Jérémy Stoss, a créé Afrimarket, un service original de transfert d'argent vers l'Afrique francophone: le donateur paye en fait un bien de consommation courante que sa famille peut retirer dans un des 300 magasins partenaires. Afrimarket compte déjà 31 000 clients.

● MARINE PERRIN et sa sœur Cindy ont lancé le site Internet d'e-commerce Oncovia pour les femmes atteintes d'un cancer. Outre 1 500 références (perruques, lingeries, maquillage), c'est aussi une plateforme d'échanges, de conseils et de services personnalisés.

● CATHERINE OSTI, qui a fait ses armes chez Chanel, a créé sous la griffe qui porte son nom deux lignes de manchettes, de cols et de mitaines, l'une en prêt-à-porter, l'autre de couture.

● MARIE ELOY, avec son association Femmes de Bretagne, a mis sur pied un réseau collaboratif pour épauler les créatrices d'entreprise. Un second réseau, Bouge ta Boîte, s'adresse aux femmes chefs d'entreprise. Marie Eloy a aussi à son actif une école Montessori dans son village de Larmor-Baden (Morbihan).

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