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Le champ magnétique d’Uranus… clignote !

Publié le 10 Juil 2017 à 10H00 Modifié le 30 décembre 2022
Planète couchée et pôles magnétiques décalés
Avec des données collectées il y a plus de 30 ans, des chercheurs viennent de découvrir l'étrange phénomène de clignotement magnétique d'Uranus.

Uranus, la plus lointaine et étrange d’entre toutes les planètes du Système, ne se contente pas d’avoir un axe de rotation qui pointe vers le Soleil, ce qui la fait ressembler à une bille roulant en cercle sur un tapis plutôt qu’à une toupie, la voilà qui présenterait un champ magnétique clignotant.

Cette particularité, inédite dans tout le Système solaire, a été découverte par des chercheurs du Georgia Institute of Technology à Atlanta au moyen d’une simulation informatique basée sur les données recueilles par la sonde Voyager 2 en 1986.

Un interrupteur magnétique journalier

Selon la simulation, une fois par jour uranien, soit tous les 17 heures et 14 minutes, le champ magnétique de la planète ouvrirait et fermerait la porte aux assauts du vent solaire qui, chez les autres planètes, est systématique déviée par la magnétosphère – ce qui sur Terre protège la surface des particules ionisées et énergétiques de ce vent.

Cette particularité n’est pas due au fait que le champ magnétique d’Uranus s’activerait et se désactiverait journellement, plutôt elle s’explique par les particularités de rotation de la planète et la structure particulière de son champ magnétique.

Trois particularités d’Uranus

D’une part, l’axe de rotation est couché, pointant en direction du Soleil, d’autre part l’axe unissant les pôles magnétiques de la planète ne coïncide pas avec l’axe de rotation, qui définit ses pôles géographiques (comme c’est globalement le cas de la Terre) : ces deux axes sont décalés d’un angle de 59°.

Enfin, les pôles magnétiques uraniens ne sont pas symétriques : son pôle « Nord » (au sens magnétique, non géographique) irradie un champ environ 5 fois plus fort que l’autre, le pôle Sud, une particularité liée à la structure interne de la planète, là où nait le champ magnétique.

Asymétrie

Ces trois caractéristiques font qu’à l’échelle globale, l’hémisphère faisant face au Soleil et à ses vents présente tantôt un champ magnétique intense – du même ordre que celui de la Terre – créant un bouclier fermé qui dévie les particules solaires, tantôt un champ faible dont les lignes ne parviennent pas à se fermer pour former l’enveloppe protectrice.

Vu du Soleil, c’est comme si chaque jour (de 17 heures et 14 minutes) cette lointaine boule de gaz et de glace, située à 3 milliards de kilomètres, allumait puis éteignait son champ protecteur.

Un intérêt pas désintéressé

Est-ce un cas très particulier ou un phénomène courant à l’échelle de la Galaxie ? A l’heure où tous les regards pointent vers les exoplanètes (planètes extrasolaires) et leur potentielle « habitabilité », cette question intéresse les astronomes.

A tel point que plus de 30 ans après le survol d’Uranus, les agences spatiales planchent sur l’envoi d’une nouvelle sonde pour l’étude de cet étrange magnétisme. Mais pas avant 2030.

Roman Ikonicoff

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