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Mort de l’auteur de science-fiction britannique Brian Aldiss

Pionnier de la science-fiction, il publia plusieurs romans dystopiques majeurs dans les années 1960 à 1980.

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Publié le 22 août 2017 à 14h53, modifié le 22 août 2017 à 16h49

Temps de Lecture 3 min.

L’auteur de science-fiction Brian Aldiss.

L’auteur de science-fiction Brian Aldiss est mort, samedi 19 août, à l’âge de 92 ans à Oxford (Royaume-Uni), a annoncé sa famille lundi. Auteur prolifique, il a publié une quarantaine de romans et autant de recueils de nouvelles. Il fut aussi l’auteur de plusieurs scénarios de films.

Né le 18 août 1925 à Dereham dans le comté de Norfolk, il est mobilisé en 1943, et est envoyé à Sumatra, où il se prépare à participer à l’attaque contre le Japon jusqu’aux bombardements de Hiroshima et de Nagasaki. Une expérience qui exercera une influence majeure sur son œuvre, notamment sur ses premiers romans, où le thème de la jungle est omniprésent, et inspirera directement sa trilogie des aventures d’Horatio Stubbs (publiée au début des années 1970), qui quittait la science-fiction pour raconter les frasques sexuelles et humoristiques d’un soldat.

Après la guerre, il s’installe à Oxford, en 1947. Employé dans une librairie, il y rencontre sa future femme, la fille du propriétaire, qu’il épouse en 1948. Il commence alors à écrire. Son premier manuscrit, un récit de guerre, finit à la corbeille. En 1955, l’année de la naissance de son fils Clive, il publie The Brightfount Diaries, un roman en forme de journal intime racontant la vie d’un libraire. Il quitte alors son travail pour écrire à plein temps, tout en contribuant à la rubrique littéraire de l’Oxford Mail.

« Hothouse » l’inscrit parmi les auteurs de science-fiction qui comptent et lui apporte un répit financier

Malgré de premiers succès littéraires, notamment dans des concours de nouvelles, sa vie personnelle bat de l’aile. Après la naissance de leur fille Caroline, en 1957, Brian Aldiss quitte le domicile familial ; le couple se réconcilie mais divorcera finalement en 1959. Sans argent – il ne possède même pas une machine à écrire –, Brian Aldiss mène un temps une vie précaire, marquée par l’alcool. Il en sort progressivement au milieu des années 1960, d’abord en publiant en 1962 Hothouse (Le Monde vert), un recueil de cinq nouvelles de science-fiction décrivant une Terre transformée en jungle géante par un réchauffement du soleil. Succès commercial et critique – le recueil obtient le prix Hugo de la nouvelle l’année de sa publication –, ce livre l’inscrit parmi les auteurs de science-fiction qui comptent, et lui apporte un répit financier. En 1965, il épouse Margaret Manson, avec qui il aura deux autres enfants. Le couple voyage, notamment en Europe de l’Est, rencontre auteurs et éditeurs.

Dystopies et intelligences artificielles

Il publie alors plusieurs romans dystopiques influents : Barbe-Grise, en 1964, situé dans un monde ravagé par l’arme nucléaire, puis Terrassement (1965), qui dépeint un Etat géré comme une ferme-prison, et influencera le théoricien du land art Robert Smithson. Des œuvres proches dans l’esprit de celles de l’Américain Philip K. Dick, qu’il admire — il lit aussi régulièrement Tolstoï et des auteurs de science-fiction d’Europe de l’Est.

La fin des années 1960 et les années 1970 sont celles d’une intense production, tant comme auteur que comme critique et éditeur d’anthologies. L’un de ses textes les plus influents, une nouvelle intitulée Supertoys Last All Summer Long (« Les superjouets durent tout l’été »), qui raconte la rencontre entre un enfant délaissé et une intelligence artificielle, est publiée en 1969. Cette nouvelle émouvante retiendra des années plus tard l’attention de Stanley Kubrick, qui souhaitait l’adapter au cinéma. Après la mort du réalisateur, en 1999, le projet sera concrétisé par Steven Spielberg en 2001 sous le titre A.I. Intelligence artificielle. Dans les années suivantes, Aldiss revisite également, dans La Résurrection de Frankenstein (1973), le mythe créé par Mary Shelley, qu’il considérait comme le premier véritable roman de science-fiction, et dont le message athéiste le fascinait.

Son œuvre la plus marquante, la trilogie « Helliconia », brosse le déclin d’une civilisation

Mais c’est au début des années 1980 que Brian Aldiss publie son œuvre la plus marquante, la trilogie Helliconia (1982 à 1985), ambitieux récit brossant le déclin d’une civilisation sur une planète où chaque année dure mille ans terrestres. Des romans sombres, intimement liés à de nouveaux tumultes dans sa vie personnelle. Un redressement fiscal en 1981 l’a contraint à vendre sa maison et sa collection de livres. Il souffre de dépression ; le couple Aldiss menace de se séparer.

Le succès de Helliconia change la donne : deux des trois romans obtiennent le prestigieux prix Nebula, les ventes sont excellentes. Ce nouveau départ permet à Brian Aldiss de publier à nouveau à un rythme soutenu jusqu’à la fin des années 2010, même si la mort de sa femme, en 1995, alors qu’il travaille sur Mars blanche, qui décrit une colonie spatiale isolée après une crise économique sur Terre, l’affecte durablement. Il avait publié son dernier roman, Comfort Zone (non traduit) en 2013.

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